Au fil de l'eau...

J’écris ces quelques lignes alors que nous voguons sur le Mekong; cet immense fleuve aux eaux boueuses, ressemblant au Gange en bien des points. Comme son frère, il est le berceau de civilisations, accueille la vie en son sein, fournit l’eau pour les cultures et la population, des routes pour le commerce; il donne la vie à une flore verdoyante et une faune discrète, cachée dans ses méandres et marécages obscurs. Mais avant de vous conter cela, laissez moi vous présenter le temple de celui qui fut le premier à nous accueillir dans le sud...

 

Les habitants du delta sont des personnes à part; visages cachés sous des masques ou chapeaux traditionnels, le torse nu, la peau tannée par le soleil. Plus discrets que leurs homologues des villes, ils sont également plus distants, nous les observons de loin, et ne pouvons nier la pauvreté qui semble régner en maître sur les rives. Nous apercevons là les premiers bidons villes de notre séjour.

   

La première partie de notre voyage de deux jours consistait en une découverte de la vie de tous les jours dans le delta. Se terminant par l’exploration de petits canaux étroits et sauvages en barque sous un déluge apocalyptique. Aucun doute là dessus, la croisière s’amuse…
Malgré les différentes méthodes et astuces testées, nous finissons tous trempés jusqu’aux os. 

Je pense commencer à saisir la notion de climat tropical…

 

Arrivés à Can Tho, la ville est sous les eaux. Nous partons en quête de nourriture et nous nous arrêtons dans une auberge bruyante, pleines d’odeurs et bourrée à craquer de vietnamiens. Un resto comme je les aime en somme. Malgré les réticences compréhensibles de certains de mes compagnons après les coupures répétées de courant nous plongeant dans le noir, nous commandons ce qui, jusqu’a présent, reste mon meilleur repas vietnamien. Au diable les précautions d’usage; légumes frais, glaçons, baguettes usées, advienne que pourra, il faut d’abord survivre!

 

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Le lendemain, nous nous rendons par bateau au marché flottant qui, bien que moins impressionnant que prévu, constitue une explosion de couleurs au sein d’un décor monochrome. De jeunes enfants naviguant sur de frêles esquifs nous proposent un florilège de babioles multicolores ainsi que des fruits juteux et appétissants. Je savoure leur nectar en repensant aux récit du héros d’Hugo Pratt et de Lester Cockney.

 

United Colors Of Beneton

Sur le retour, bercé par le ronronnement du moteur et le tangage du bateau, je somnole et pense à ceux que je souhaiterais emmener avec moi lorsque je reviendrais, ils me manquent. La moiteur de l’air, adoucie par la brise fraîche, a raison de mes rêveries et c’est sans m’en rendre compte que je glisse vers la quiétude du sommeil.